Chongqing  (Sichuan)

Je mets Sichuan mais en fait la ville a un statut independant, geree par Beijing (Pekin) directement.

Elle est ou le Changjiang et le Jialingjiang se joignent, surelevee sur un rocher. Carte ici.

Ville capitale de l'etat de Ba dans le pase. Elle s'appelait alors Yuzhou et conserve le diminutif deYu. L'empereur Zhaodun des Song du sud (1127-1279) la baptisa Chongqing, "double fortune" : il a ete nomme prefet et empereur ici. Le gouvernement de chiangkaichek refugie ici (39-45) et la ville a subit de nombreux bombardements sous les japonais, rendus difficile par periodes a cause du brouillard.

Arrives a Chongqing, Wang Qin ( rencontre lors d'une discussion suite a un retard d'avion ) me dit de ne pas me montrer et va chercher un taxi, on partage la course. Il sait clairement que si je pointe ma frimousse de blanc le prix sera plus eleve. Il a choisi une voiture rapide, confortable. Sur le chemin la police arrete la voiture pour un probleme de lanterne. Le policier retire un papier sur le pare-brise du chauffeur (licence?). Surement des problemes futurs mais nous continuons la course. Nous nous donnons rendez-vous a 23H pour aller boire un verre. Wang Qin m'emmene avec un ami dans un endroit anime un peu chic. Il s'appelle "Hong Kong retourne a la Chine".

Le lendemain matin, au reveil, j'ai la chance d'avoir une vue sur le Changjiang et le pont :

La salle contigue a celle du petit dejeuner sert de salle de classe pour eleves de familles riches au vu du standing. Il s'agit de cours particuliers de physique. J'y vois les dessins des masses et les vecteurs de forces sur le tableau.

Je pars de suite me trouver un circuit. Je contacte deux agences et passe deux heures a decortiquer le trajet pour la suite. Nous sommes fin Juillet et les bateaux ne vont pas jusqu'a WuHan mais s'arretent tous a Yichang. Le premier coute 1700 Yuans sur un bateau confort tourisme - tout compris, logement, repas, excursions, guides. Le deuxieme 930 Yuans, juste la cabine, tout a payer sur place. Mais il arrive tard a Yichang et il faut passer et ajouter le prix d'une nuit. De plus, je n'ai pas envie d'y rester. Rien n'est compris, et tous comptes faits ca ramene au premier prix.

Je note que je trouve en gros toujours quelqu'un qui parle anglais. Je commence a faire de modestes phrases en chinois mais ne tiens pas du tout une simple conversation. En general, une fois que j'ai sorti ma phrase, ils comprennent et repondent. Et la, je suis perdu. "bu dong"

L'assemblee populaire, Renmin. Immense dome. Je fais la causette avec une vendeuse d'une galerie de peinture pour touristes etrangers. Elle n'a pas un jour de conges. On discute et je lui dis que je travaille depuis plusieurs annees. Elle me dit que je ne dois donc pas avoir de mal a trouver une epouse puisque je suis riche !
 

Pipa shan, dans les guides, point culminant de la peninsule de Chongqing. Rien a voir ou alors j'ai rate.

Deuxieme matinee.
Les eleves de la classe de luxe sont la. Belle salle, moquette epaisse decoree, jolies peintures fines, table ovale, nappe, beaux verres, eau, etudes et detente.
Je juxtapose avec la notion de salle d'etude d'un "clan" - famille elargie - village - qui se construisait sa propre ecole pour preparer les eleves aux grands concours. Cela dure depuis des siecles et c'est le cas dans cet hotel. Un groupe de familles se paye un professeur et une salle d'etude pour faire travailler les enfants.

Dans la salle principale ou je suis, contigue a la salle d'etude - separes par des cloisons vitrees - une grand-mere essaye de convaincre une gamine (qui est sortie du groupe d'etude) de je ne sais quoi, surement de reprendre les cours. On y voit la le role des grands-parents en Chine. "Trois generations sous un meme toit". Il y a un festival ou on achete des branches d'un arbre, genre genet, car avec les branches font des fruits qui sont un peu soudes ensemble sur la branche, tout comme les membres d'une famille restent ensemble sous un meme toit. Probleme de retraite ou de logement mais c'est en gros la regle d'avoir trois generations sous un meme toit. On ne laisse pas tomber les personnes agees en Chine.

Ca y est la gamine rentre de nouveau en classe. Puis la grand-mere a son tour. Imagineriez-vous en France une grand-mere dans la salle de classe ? Le modele de famille eclatee oublie ceux qui ont passe leur vie a s'occuper de vous. Le retour est faible. La Chine gardera-t -elle son modele en s'enrichissant ?

Voila, je m'en vais, et, au bout d'une demi-heure la grand-mere est toujours dans la salle d'etude avec sa petite-fille.

Un groupe soude qui se prend en charge sans attendre de subventions. Une famille, un groupe de familles, un clan, cela fait partie des profondes valeurs chinoises. A l'etranger, c'est une communaute qui se prend en charge sans rien demander et fait sa place.

Les porteurs avec baton de bambou, les "bangbangjun"
La ville est en hauteur et les bus ne doivent pas tout accepter de transporter. Ces porteurs sont partout dans les rues. J'ai lu qu'il y en avait 200..000. A la Chaotianmen, les quais ou se rejoignent le Changjiang et le Jialingjiang, ils embarquent et debarquent pour le compte des bateaux a passagers. Ils portent par exemple deux gros cartons avec des TV, une de chaque cote (en effet il faut qu'ils equilibrent si possible). Sinon ils mettent sur le dos. C'est etonnant de voir arriver 15 bonshommes portant de volumineuses charges et filant le long escalier qui mene aux quais. Ils passent leur journee partout pour porter de tout dans la ville et surtout de la ville aux quais - la ville est en hauteur sur un rocher. Des bouteilles de gaz aux cartons, en passant par des conditionneurs d'air, des poules, des legumes, de la ferraille...
Au bas de l'escalier de la Chaotianmen, je suis alle inspecter les caisses des porteurs. Sur une il y avait marque 6 kg. Le porteur en avait six, de chaque cote. Outre le poids (72kg), il faut savoir qu'ils peuvent arriver de loin et doivent passer la circulation, foule, trottoirs, escaliers. Certes, c'est en descente (pas vu de gros portage en montee). Il doit donc porter et aussi axer sa charge en biais pour passer. Je me demande comment se fait le prix et quels sont les degats sur leur dos. Ils sont partout, aux descentes de bus ils proposent de porter, dans la rue ils scrutent les petits camions et se precipitent pour porter des qu'ils s'arretent, un frigo la derniere fois. Deux se partageront le prix. Ils vont aussi demarcher le client. Un essayait de convaincre deux femmes de lui laisser porter leurs petits sacs a dos. Rien a faire. En general ce sont des paysants ou des ouvriers de chantier qui se transforment en porteur lorsqu'il n'y a pas de travail aux champs ou entre deux chantiers. 
 

Le chargement
En vue du bain
La descente des escaliers avec 72kg


La Chaotianmen  

C'est la partie de la ville ou il y a des quais, ou les deux fleuves se joignent. Des petits se baignent dans l'eau limoneuse et des porteurs viennent se laver apres leur course.Il y est inscrit le niveau de la crue de 1982.
 
 


La Chaotianmen. A droite le Jialingjiang,
a gauche le Changjiang

Balade le long du fleuve, en gros du pont sur le Changjiang a la Chaotianmen. Je trempe mes poissons-pendentif en jade dans l'eau. Quel bonheur pour un poisson que de nager dans ce fleuve ! Ils ne doivent pas voir grand-chose, les pauvres, car l'eau est completement opaque avec le limon. Ce doit etre bien monotone que d'etre poisson dans le fleuve.

Manoeuvres de bateaux
Les bateaux qui font demi-tour sont vite emportes par le courant. Ils se placent et attendent leur moment dans le sens du courant, puis virent de bord. Alors en quelques secondes, ils se retrouvent filant dans le sens du courant. Ceci ne demande pas beaucoup de place et de puissance.

Quand ils sont dans le sens du courant et veulent se 'garer' (face au courant), le bateau doit anticiper le point, faire son tour et remonter.
Cette manoeuvre doit etre bien plus sensible car le bateau file deja plus vite que le courant et il est impossible vue la largeur de tourner en marche avant. Il doit donc mettre de la marche arriere et deriver en tournant. Pendant ce temps, il n'est pas manoeuvrable et ne peut que faire son tour. Il doit donc avoir toute la place pour lui. Avec deux helices tournant en sens inverse, ca doit etre mieux. En fait, au pire pour ceux qui sont juste capables de remonter le courant, il leur faudrait une trop longue distance de manoeuvre. Vu le trafic c'est trop inefficace s'il faut attendre 100km avant qu'il n'y ait personne sur deux trois. C'est impossible pour de nombreux bateaux selon le courant et la puissance/charge. Je ne sais pas du tout comment ils font pour se donner les priorites. Ca doit etre un casse-tete dans les regles de navigation.

Question : comment faisaient-ils sans moteur pour immobiliser un bateau genre sanpan ou wupan ( san = trois, wu = cinq, pan = planche ) ?

Les controleuses de passage pour pietons
Il y a des passages pour pietons mais les gens sont un peu comme en Italie ou, comme m'avait dit un italien, les feux de signalisation sont des "suggestions". Les Chinois passent quand et ou ils en sentent l'envie. Pietons et automobilistes. Pour canaliser les abords des grandes intersections, il y a des barrieres au moins 50 m avant, et tout du long sinon. Il y a des feux et deux gardiennes pour rappeler a l'ordre les fils du ciel qui penseraient que la signalisation n'est pas pour eux. Et ... elles se font entendre. Elles verbalisent avec leur carnet a souches. Je doute que ce soit bien efficace. De temps en temps, elles se font envoyer sur les roses. Sur ce, quand elles gardent un rond-point ou il est interdit de traverser, elles enfreignent elles-memes leur regle car la collegue va traverser en plein milieu pour rejoindre l'autre et la soutenir. De toutes les facons, elles s'y mettent a deux et vont chercher celui qui a fait semblant de ne pas entendre (impossible a moins d'etre sourd). Mais comme elles gesticulent avec des fanions rouges, il faudrait aussi etre aveugle pour les rater. La femme Chinoise a du caractere et n'hesite pas a hausser le ton quand elle en a besoin.

La vie, ca fait du bruit. Le nom pour un genre de restaurant veut dire en gros "bruyant". Il faut faire du bruit. On ne vous mettra pas les couverts en posant delicatement mais de maniere a faire du bruit. Certains endroits sont reputes pour ca.
Bruit, rouge = vie.

Pas vu une carte postale. Peu de choses a voir pour le touriste de service. Il faut aimer se promener en Chine pour y rester plusieurs jours. C'est une ville de transit en general et de depart des croisieres. Vu deux "blancs" au Luohansi. Avec les quatre autres du Renmin ca fera six en trois jours.

Il y a huit tables dans le restaurant de l'hotel. 8 le bon chiffre. Pas etonnant. L'hotel a coutume vers 21H de baisser les lumieres et de mettre des bougies. Je vais me chercher le petit bocal avec les poissons et mange avec eux. Je dispose les salieres pour proteger le bocal de la flamme. Et ca file dans le bocal !

Et hop, on vient me demander si je suis americain ! Il n'y a rien a faire, le blanc = americain. Non je ne suis pas Americain.

La Bastille
Vers le debut du siecle quand la France se cherchait une presence commerciale en Chine, la Marine Francaise avait construit une belle bastide appelee "Bastille" pour y accueillir le quartier general a Chongqing et y stocker de l'approvisionnement. Le consulat se trouvait ailleurs rive gauche dans la ville. Ca se comprend un peu car pour les jonques accompagnatrices, sans moteur, halees a force d'hommes, il etait plus facile de rester du meme cote plutot que de traverser le fleuve pour aller cote ville/rocher ce qui supposerait de depasser la ville se laisser deriver et changer de cote et se faire re-accrocher. Les canonnieres qui remontaient le fleuve s'y arretaient. La Bastille est situee a wanjiato  avant d'arriver a la jonction Changjiang / Jialing et sur la rive droite ( a droite en descendant le fleuve ). Deux canonnieres s'appelaient l'Orly et le Doudart de Lagree.
 
 

La Bastide, etablissement de la Marine Francaise a Chongqing vers 1900.
Details ici

A cote de la ville il y a Luohansi, petit temple bouddhique, 500 sculptures en terre cuite.

Suite le long du fleuve.....             ou           Retour au depart